Ça vote aussi en Europe

(janvier 2001)

Pris dans la tourmente des élections municipales en France -et en particulier à Paris- nous en arrivons à oublier qu’il peut y avoir des élections ailleurs sur le continent et que cela vaut parfois la peine de se pencher sur la situation politique de nos voisins. Pas seulement parce que cela fait exotique mais aussi, et surtout, parce que les répercussions sur les institutions que nous avons en commun sont immédiates.

Il ne s’agit pas là d’une vue de l’esprit, on en voudra pour preuve l’imposition puis la levée des sanctions à l’encontre du gouvernement bleu-noir en Autriche après que celui-ci ait menacé de bloquer durablement le fonctionnement de l’Union. Penaud, Chirac s’est vu dans l’obligation de manger son chapeau et d’acter la volonté des autres Chefs d’Etat de ne plus stigmatiser l’Autriche et les Autrichiens.

A cet égard, il est intéressant de constater que les mentalités diffèrent grandement d’un bout à l’autre du continent. Ainsi, en Belgique et en France, la condamnation de la coalition conduite par Wolfgang Schüssel avec le soutien de Jörg Haider a été sans appel. Ailleurs, en Allemagne et en Italie, ce fut plutôt l’embarras tandis qu’en Grande-Bretagne et en Scandinavie, les eurosceptiques les plus virulents étaient les premiers à dénoncer une prétendue « ingérence dans les affaires intérieures » du pays.

Aujourd’hui, il faut essayer de comprendre cette pluralité de réactions mais aussi de s’interroger sur les facteurs du désaveu de plus en plus prononcé des électeurs à l’égard du FPÖ. Peut-on parler d’un effet Toulon sur l’extrême-droite autrichienne ? Y aurait-il une usure accélérée des extrêmes lorsque ces derniers sont confrontés à l’exercice du pouvoir ?

La situation semble plus compliquée qu’il n’y paraît puisque les Italiens semblent prêts à remettre au pouvoir une combinaison (Berlusconi-Ligue du Nord) déjà expérimentée au milieu des années 90. En France, on en aura heureusement fait l’économie grâce aux rivalités internes au FN et à un ancrage des valeurs républicaines plus solides qu’attendu au sein de la population. Mais Jefferson ne s’étonnait-il pas, à l’époque de la Révolution, de la capacité des Français à serrer les dents et de leur réserve inépuisable de patience au plus fort de la famine ?

Toujours est-il que l’Autriche est également convoquée aux urnes pour désigner le 25 mars ses représentants municipaux et que le scrutin de Vienne, à lui seul, promet d’être passionnant puisque aux dernières élections législatives les trois forces politiques en présence, SPÖ, ÖVP et FPÖ se répartissaient les voix de manière à peu près équivalente. L’alliance rouge-verte locale va-t-elle être reconduite ou bien verra-t-on les Viennois céder à la démagogie paranoïaque de la candidate du FPÖ qui voit des drogués, des criminels et des étrangers partout ?

Face à la débauche d’affiches que chaque parti aligne sur les murs, les taxis et les stations de tramways, les élections françaises -avec leur plafonnement nécessaire et salvateur des dépenses électorales- font bien pâlichonnes. Pourtant, il ne faut pas se tromper car si la campagne est plus terne, le retentissement d’une victoire de la Gauche plurielle à Paris et dans les principales villes de France pourrait bien déborder le cadre de nos frontières et conforter nos camarades transalpins qu’ils soient viennois ou italiens.

Aleksander Glogowski

Publié par Aleksander GLOGOWSKI

Permanent de la Fédération de Paris du PS 🌹 Candidat socialiste aux élections européennes de 2004, 2014 et 2019. #Europe Addict 🇪🇺 Je me sens chez moi partout dans l'Union Européenne. Père de deux enfants.

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