Pour un altermondialisme efficace

(16 septembre 2005)

Pendant que certains décidait pour la première fois de leur vie de mettre les pieds à la Fête de l’Huma, l’actualité de la social-démocratie était ailleurs. Plus précisément, elle était à Milan où se tenait la Fête de l’Unita -son homologue italien qui célébrait cette année ses 60 ans. Sous un ciel chargé, alternant orages violents et soleil estival, le Global Progressive Forum – Forum Progressiste Mondial a tenu toutes ses promesses.

L’objectif ambitieux de cette 2ème édition a été -à travers 9 ateliers et 4 plénières- de porter un diagnostic et d’établir des pistes pour lutter contre la pauvreté dans le monde et particulièrement en Afrique. Comment réorienter les politiques désastreuses conduites dans le cadre du FMI ou de la Banque Mondiale ? Comment remettre de la démocratie dans des décisions prises par des gouvernements -au nom de leurs citoyens- au sein des organisations internationales ? Quels peuvent être les instruments et surtout le calendrier pour arriver à l’objectif de 0,7% du PIB des pays riches au profit de l’aide publique au développement ? Le commerce n’est-il pas plus efficace que la charité institutionnelle sachant qu’un point en matière d’exportation correspond à la totalité de l’APD ?

Loin de Porto-Alegre et de la désunion des organisations non-gouvernementales au cours des réunions du Forum Social Mondial, l’atmosphère à Milan était au dialogue constructif, à la réflexion collective, au chiffrage et à l’élaboration de calendriers. La diversité des participants, la qualité et l’origine géographique, économique et sociale des intervenants ont permis cette écoute et ce dialogue réussis.

Le contraste avec la violence des propos, les invectives qui malheureusement émaillent trop souvent les initiatives dites « altermondialistes » était saisissant. Non pas que de choses fortes n’aient pas été dites. Au contraire, des interpellations sur la situation désespérée des agriculteurs africains, sur la famine qui sévit au Niger, sur la pandémie du SIDA sur le continent noir et ailleurs, ont été au coeur même des débats. La régulation du commerce mondial à travers des mécanismes plus contraignants au sein de l’OMC, des politiques publiques pour accompagner l’ouverture des marchés -lorsque ceux-ci ont lieu- ont fait partie des revendications en plus d’une révision drastique de la Politique Agricole Commune (PAC).

La social-démocratie, plus soucieuse d’efficacité que de gesticulations, plus concentrée sur l’action concrète que sur les utopies, a encore une fois fait la démonstration qu’elle est plus respectueuse du dialogue et de la parole de l’autre. La coopération entre le PSE et son groupe parlementaire au Parlement européen d’une part et l’Internationale socialiste d’autre part sont à la racine de cette bonne alchimie.

Pouvoir discuter avec Pascal Lamy, directeur nouvellement élu de l’Organisation Mondial du Commerce (OMC), échanger des commentaires avec George Papandréou, ancien Premier ministre de Grèce, sur le désormais célèbre essai « The European Dream » de Jeremy Rifkin, trouver que l’ex-ministre de la Culture du Mali et écrivaine, Aminata Traoré, ou que la chercheuse sud-africaine, Dot Keet, sont parfois excessives dans leurs interventions, voilà ce qui a été rendu possible par le Forum Progressiste Mondial. Pour un peu, on aurait pu parler d' »invention du possible » et ni Massimo d’Alema, ni Piero Fassino pas plus que Romano Prodi n’auraient protesté, eux qui ont fait du devoir de cohérence la vertu cardinale de leur opposition résolue à la politique de casse sociale du gouvernement de Silvio Berlusconi et l’instrument de la reconquête de la Gauche pour les élections de 2006.

On notera que les représentants du PS français se sont vus réserver une place de choix par les organisateurs. Que ce soit Kader Arif, Harlem Désir ou Bernard Soulage dans l’animation des ateliers ou Dominique Strauss-Kahn et Pascal Lamy en qualité d’intervenants, tous, se sont taillés un solide succès, en particulier la vision de Dominique Strauss-Kahn sur le « développement solidaire ».

Plus que jamais, de tels rassemblements sociaux-démocrates sont nécessaires. Ils illustrent notre capacité à peser sur le réel, notre détermination à construire un monde qui rejette la société de marché et où la solidarité est au cœur des échanges humains.

Aleksander GLOGOWSKI

Publié par Aleksander GLOGOWSKI

Permanent de la Fédération de Paris du PS 🌹 Candidat socialiste aux élections européennes de 2004, 2014 et 2019. #Europe Addict 🇪🇺 Je me sens chez moi partout dans l'Union Européenne. Père de deux enfants.

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