
C’est une puissante émotion qui m’étreint ce matin. Une tristesse, un chagrin qui ne veulent pas partir.
Jeune collégien, je me suis éveillé à la politique dans les années 80 avec la crise des euromissiles : ces Pershing et SS-20 qui menaçaient de réduire notre continent voire la planète toute entière en un champ de ruines radioactives.
Son nom, je l’ai griffonné, admiratif, sur mes cahiers de russe à côté de celui de Gagarine et des programmes spatiaux soviétiques —à commencer par celui de la station Мир (« Paix » en russe)— qui faisait ma fierté.
Il a fait bien plus en et pour l’URSS qu’apporter la modernité à un système embourbé dans la stagnation et le mensonge. Il était beaucoup plus qu’ un visage jeune et neuf. Lui et son équipe dirigeante ont ouvert la voie à une parole libre. Ce qui était précédemment chuchoté avec angoisse entre intimes dans les cuisines pouvait dorénavant être énoncé ouvertement sur la place publique, écrit dans la presse, diffusé sur les ondes. Cette libération de la parole à été immédiatement suivie par celle des esprits. C’était comme si la lumière jaillissait soudain d’un puit sans fond.
Et comme souvent dans l’histoire de la Russie, de ces tréfonds, il en est sorti le meilleur comme le pire. Journaux, gazettes, radios,ONG authentiquement libres ont fleuri. Mais, l’antisémitisme et le nationalisme aussi. Et, peu à peu, les vociférations ont progressivement couvert la voix des démocrates. À une Union rénovée au sein de laquelle les relations entre les peuples eut été plus équilibrée, les Russes ont préféré le chemin du libéralisme, de l’individualisme effréné et au final de la brutalité.
Alors, en ces temps de péril où le spectre de la guerre est revenu en Europe, plus que jamais nous devrions patiemment mais résolument cultiver son leg politique. Car il en va de la démocratie là-bas comme de notre sécurité ici. Les deux sont intrinsèquement liées.
Merci M. Gorbatchev. Spassibo Mikhail Sergueïevitch !